«Cancers du poumon : vie intime et sexualité » - replay de la webconférence du 22 11 2023

« Cancer du poumon : vie intime et sexualité »

Le cancer du poumon a de nombreuses répercussions sur la vie des patients, notamment sur leur sexualité. Une enquête menée par Patients en réseau montre que les malades ressentent une baisse de près de 70% de leur libido. L’ensemble des résultats ont été présentés par Colette Casimir, patiente experte à l’initiative de l’enquête et coresponsable de Mon Réseau Cancer Colorectal, lors d’une webconférence organisée à l’occasion de Novembre perle. Cette enquête met également en lumière le manque cruel d’informations sur ce sujet, que les médecins et les patients n’osent pas aborder. Alors, pas de tabou durant cette webconférence, Sébastien Landry, sexologue clinicien spécialisé en oncologie au Mans, nous livre de précieux conseils pour mieux vivre sa sexualité !

Comment avoir envie de faire l’amour lorsque l’on est angoissé et que la fatigue nous terrasse ? Comment plaire à quelqu’un lorsque notre corps change et que l’on ne s’aime pas soi-même ? Toutes ces questions se posent quand on est atteint d’un cancer du poumon. Selon une enquête menée par Patients en réseau, 68% des malades ressentent une baisse ou une absence de désir et 38% des troubles de l’excitation. Les pratiques sexuelles changent, comme la masturbation qui diminue de moitié et les caresses sexuelles qui passent de 83% avant la maladie à 61%. Or la majorité des patients ne reçoivent aucune information sur l’impact du cancer sur la sexualité. « Seuls 2% des oncologues ont abordé le sujet. C’est le chiffre le plus bas de toutes nos enquêtes », constate Colette Casimir, qui a également mené deux autres enquêtes sur les cancers gynécologiques et le cancer du sein.

Certes, ces questions sont encore taboues. Mais si elles sont si peu évoquées, c’est aussi parce que les préoccupations des médecins et des malades sont ailleurs. En effet, 78% des personnes ayant répondu à l’enquête sur le cancer du poumon étaient au stade métastatique. « Il est très important de sensibiliser les soignants et les patients. Il n’y a pas de raison de faire une croix sur ce plaisir qu’est la sexualité. Il faut prendre tout ce que la vie nous offre de meilleur », insiste Colette Casimir.

Des freins à surmonter

« L’angoisse et la sexualité sont profondément antagonistes, ajoute Sébastien Landry. Il ne faut pas hésiter à se faire aider par un psychologue pour soulager cette angoisse. La communication au sein du couple est également primordialeOn peut dire à l’autre : ‘je t’aime, mais pour l’instant je n’ai pas de goût pour la sexualité. En revanche, j’ai besoin de tendresse et de baisers’ ». Car selon le sexologue, certains n’osent même plus avoir ces gestes vis-à-vis de leur conjoint de peur que cela aille plus loin.

L’angoisse de la performance, de ne plus être à la hauteur, est souvent présente. « Or si vous êtes focalisé sur cette performance, il y a de grandes chances pour que des difficultés apparaissent. En effet, cela engendre du stress, qui empêche l’érection chez les hommes et la lubrification chez les femmes, explique Sébastien Landry. Il vaut mieux se concentrer sur son désir, celui de l’autre, et le plaisir que l’on peut prendre à deux ».

Autre frein majeur : la fatigue, ressentie par la majorité des patients. Là encore, il faut en parler aux équipes soignantes, car ce symptôme peut être amélioré grâce aux soins de support notamment. L’essoufflement est également handicapant. « On peut alors être un peu plus passif lors des rapports sexuels, recevoir plus que donner, suggère Sébastien Landry. Il faut s’adapter à la condition physique du moment ».

Les traitements du cancer du poumon, comme la chimiothérapie, peuvent abîmer les muscles du périnée et entraîner une incontinence urinaire, survenant parfois lors des rapports sexuels. « Des exercices dits de Kegel permettent de renforcer le plancher pelvien, et si ce n’est pas suffisant, on peut proposer une rééducation périnéale par un kinésithérapeute ou une sage-femme, indique Sébastien Landry. Des séances d’activité physique adaptées sont également utiles ».

Des conseils pour améliorer sa vie intime

Il est d’abord très important de se ‘réconcilier’ avec son corps, qui peut être amaigri ou marqué par des cicatrices. « Il faut se réapproprier ce corps altéré et retrouver une bonne image de soi, insiste Sébastien Landry. Un soutien psychologique peut alors s’avérer nécessaire ».

Mais comment faire renaître une libido que la maladie a éteinte ? « Le désir sexuel est une composante psychologique qui se travaille. Les lectures érotiques, les podcasts développent les fantasmes et permettent de retrouver des pensées excitantes, observe Sébastien Landry. La masturbation peut également stimuler la libido et relancer la sexualité dans le couple »

« Surtout, il ne faut pas baisser les bras, se prendre en main, et se faire accompagner si besoin par un sexothérapeute », martèle Colette Casimir.

« Il existe un groupe sur le réseau Mon cancer du poumon, qui s’appelle Vie intime et sexualité et qui permet d’échanger entre patients sur ces sujets, indique Laure Guéroult-Accolas, fondatrice et directrice de Patients en Réseau. Et joli cadeau, nous avons appris récemment qu’un couple s’était formé au sein du réseau ! ». 

Un dernier conseil, prenez soin de vous et profitez pleinement du présent et de la vie dans toutes ses dimensions !

Proposée l'occasion de Novembre Perle 2023, retrouvez notre webconférence "un mois pour vous", du 22 novembre sur le thème : «Cancers du poumon : vie intime et sexualité » avec

  • Colette Casimir, patiente experte coresponsable de MRCCR
  • Sébastien Landry, sexologue

Retrouvez l'infographie de notre enquête Vie intime et sexualité ici

Le saviez-vous? Le mois de Novembre est le mois "sans tabac" mais aussi le mois de sensibilisation aux cancers du poumon "Novembre Perle".

Ce programme proposé par notre association Patients en réseau et Dis-Moi Santé

Ce programme est rendu possible par le soutien institutionnel de : Amgen, Astra Zeneca, BMS, Janssen, Lilly, Roche, Sanofi, Takeda 

Auteur : Sandrine Chauvard

Source : Patients en réseau et Dis-Moi Santé